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L'ange et le sens

Publié le par Carole

L'ange et le sens
Dans la vie dans la ville, c'est ainsi qu'on avance :
des sentiers balisés vers tous les sens uniques
par les voies obligées, hors des sens interdits
de flèche en certitude, tout droit jusqu'à l'impasse.
 
Vastes couloirs portes claquées fenêtres closes
Longs espoirs sans issue évidences obtuses.
Et nous au labyrinthe courant comme souris
dans tous les coudes étroits de la ville de la vie.
 
Mais parfois passe un ange avec ses ailes rondes
nous ouvrant ce chemin
tout simple
qui vole par-dessus
le monde.

Publié dans Fables

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Joyeux Noël

Publié le par Carole

Je vous souhaite à tous un joyeux

 

N

 Ë

 L

Publié dans Divers

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L'invité

Publié le par Carole

    C'était le soir du 24 décembre. Un 24 décembre gris et froid dont les guirlandes s'égouttaient lentement, dans le brouillard stagnant et la nuit qui tombait. Je rentrais du bureau, où j'étais resté tard. J'étais parti le dernier, bien après 18 heures, comme à mon habitude - pourquoi aurais-je modifié mes habitudes pour un soir comme celui-là ? Et j'avais refermé la porte à regret sur la pièce obscure et déjà engourdie [...]
 
Suite du récit sur mon blog de récits et nouvelles cheminderonde.wordpress.com

Publié dans Récits et nouvelles

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Paysage de Noël

Publié le par Carole

Paysage de Noël
Un immense ourson de Noël dans le frais soleil du matin. Une voiture sur la route. Une moto arrêtée. Une mendiante assise par terre.
Le motard est absent. La voiture passe et file au loin. La mendiante a posé devant elle une pancarte en carton qu'on aperçoit mais qu'on ne peut pas lire, depuis l'escalator du centre commercial. L'ourson de Noël détourne le regard, il a les deux oreilles bouchées par des écouteurs roses qui scintillent au soleil.
Les ombres sont encore longues sur le trottoir désert, le centre commercial vient d'ouvrir. Tout à l'heure la moto s'en ira, au loin, et la rue s'emplira de passants à paquets. La mendiante sera toujours assise par terre. Du haut de l'escalator on n'apercevra plus que la foule de Noël, si chargée, si pressée. On ne saura jamais ce qu'écoute l'ourson, dans ses grands écouteurs qui l'empêchent de voir.

Publié dans Fables

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Ruine de Rome

Publié le par Carole

Ruine de Rome
Sur le trottoir sombre et sale, il y avait longtemps qu'elle s'était fait la malle, dame Nature. Mais au pinceau quelqu'un avait écrit son nom sur le ciment, et l'avait même souligné d'étoiles, puisqu'elle était déesse, l'Absente, au ciel comme sur cette terre...
Absurde, ridicule, inutile message ?
 
Il y a comme cela dans la ville une femme inlassable et naïve qui inscrit partout au pinceau le nom des fleurs sauvages, humbles lutteuses qui poussent au coin des murs.
Mouron des oiseaux, dent de lion, ruine de Rome.
 
Elle les a toutes observées, nommées et désignées, celles qu'on ne voit jamais, les humiliées et les précaires, les humbles pousses méprisées qu'on piétine en marchant, dans la hâte des villes.
On passe, on lit, on regarde, on se dit : "Tiens, c'est donc un mouron des oiseaux, ce bouquet pâle ? Est-ce vraiment la ruine de Rome, ce brin de myosotis qui rampe sous les murs ?" Puis on n'y pense plus.
 
Mais voilà qu'on repasse dans la rue, quelques jours, quelques semaines ou quelques mois plus tard... le round-up a enterré le mouron des oiseaux, la dent de lion s'est pendue aux barbelés, et la ruine de Rome s'est étouffée de mégots... On s'arrête un instant, on repense à la fleur dont le nom s'étire encore si blanc sur la pierre tombale du trottoir, et on regrette de l'avoir négligée, on l'aime tant, soudain, qu'on prie comme un idiot pour qu'une mince radicelle lutte encore sous l'asphalte, qu'on l'arrose de prières, pour qu'elle ne meure pas.
 
Car c'est de n'être plus là que si peu, de nous avoir quittés peut-être, de pouvoir disparaître, qu'elle nous devient, la Délaissée,
si précieuse.
 
Ruine de Rome

Publié dans Fables

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Gris

Publié le par Carole

Gris
Les murs sont gris.
La ville est grise.
Le temps est gris.
La vie est grise.
Les gens sont gris.
Et l'âme est grise.
 
Le monde est gris.
C'est convenu,
c'est entendu.
 
Mais les mots,
les mots, au moins,
les mots qui dansent comme atomes dans la poussière des villes, on peut les rouler chaque soir sur la peau de soleil qui revêt les trottoirs, on peut les retremper au frisson pailleté de néon des pluies grasses, on peut les baigner de lumière au pied des réverbères où s'épanchent les chiens
 
pour en repeindre à l'or fin
de fantaisie
de poésie
les murs la vie
la ville le monde
l'âme et le temps
les réverbères et les chiens dans le soir
la poussière les néons les trottoirs
les gens qui passent sans rien voir
 
et même le mot
Gris

Publié dans Fables

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La rose freedom - en hommage à Asli Erdogan

Publié le par Carole

La rose freedom - en hommage à Asli Erdogan
La rose Freedom... ici elle est comme un chiendent, partout poussée et répandue, si vivace, si commune, si vulgaire même parfois, qu'on finirait par la mépriser, à force de se griffer à elle, à force de la croire indéracinable.
 
Mais ailleurs. Ailleurs, en tant d'autres lieux, c'est une fleur fragile, une tige sans pétales qui rampe au long des murs. C'est la pariétaire maigre et hâve qui s'accroche aux barreaux des prisons, aux lèvres bâillonnées des suppliciés, aux troncs noirs des gibets. 
Une fleur sans jardin, une fleur sans printemps qu'on écrase du talon, une fleur torturée qu'on pend aux barbelés, et qu'on jette à la roue des chars pour qu'elle ne sème pas.
 
Une fleur qui résiste pourtant, qui végète en silence dans l'hiver des consciences, jetant vers l'avenir le bois de ses épines, ardentes et vives comme la douleur, comme la foi, comme la solidarité.
 
 
Alors en ce 12 décembre de brume et de froid, ayez une pensée pour la rose Freedom... et pour Asli Erdogan, la journaliste et romancière turque emprisonnée, dont les textes seront lus ce soir un peu partout en France.
Et, à Nantes, à partir de 19 heures, à la Manufacture des Tabacs.
 

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Publié dans Divers

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La malle

Publié le par Carole

Quand il avait hérité de la petite maison, il avait immédiatement eu la sensation d'un voile sur ses épaules. Quelque chose de léger, de doux et d'un peu agaçant, qui s'obstinait à être là, et ne le lâchait plus.

Puis peu à peu, à mesure qu'avançaient les formalités, chez le notaire, ce voile s'était alourdi en cape. Une de ces vieilles capes de grosse laine, qui enveloppent en hiver les bergers, quand ils s'assoient sous les étoiles.

Une carapace, maintenant, c'était devenu comme une carapace. Rien de vraiment désagréable, d'ailleurs, au contraire, juste cette sensation de pesanteur. Et cette autre impression encore, comme de quelque chose d'ombreux où il aurait fait bon se lover, s'endormir. S'oublier. [...]

Suite du récit sur mon blog de récits et nouvelles cheminderonde.wordpress.com

 

Publié dans Récits et nouvelles

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Café des Ami

Publié le par Carole

Café des Ami
Au café des Amis, chaque soir après le travail, ils tapaient la belote en repeignant le monde en rouge, en vert, en beau.
Puis la retraite est venue. Eux, ils ont continué à venir au café des Amis, à taper la belote tous les après-midis, à repeindre le monde, en rose et en vert pâle, en pas si mal.
Puis quand la mort s'est invitée, ils sont encore venus, après les enterrements, ceux qui restaient, pour taper la belote, et repeindre le sombre en gris, en pas si noir.
 
Jusqu'à ce qu'à la fin il reste seul, le dernier des Amis. 
Alors le Temps lui-même, le Temps qui jamais ne se trompe et connaît ses accords, de son pinceau tranquille, lui a repeint l'enseigne, au singulier, rien que pour lui. Avant que le patron lui aussi ne disparaisse, et que le café des Ami, vendu et revendu, ne reste là, fané et déserté, à attendre, tout seul, on ne sait quoi, on ne sait qui ne viendra plus, comme un vieil homme sur le trottoir.
 

Publié dans Fables

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L'échelle - suite

Publié le par Carole

    Je l'ai revu dans le bus, tout à l'heure, l'homme qui avait trouvé l'échelle.
  Il tenait toujours, extatique, son volume de Harry Potter lorsqu'il est monté, essoufflé, alors que le chauffeur démarrait déjà.
    Il s'est assis sans regarder autour de lui, et il s'est aussitôt plongé dans sa lecture.
   Il avait cessé de suivre les lignes avec son morceau de papier, les mots n'avaient plus qu'à peine besoin de se poser sur ses lèvres désormais presque immobiles.
 
  Il était arrivé presque à la fin du livre. Le tas épais des feuilles déjà tournées était sous sa main gauche comme la haute pente qu'il venait de gravir. Et la liasse menue des dernières feuilles avait déjà ce parfum doux, d'automne et de regret, des lectures qu'on achève.
   Il souriait toujours. Mais il allait bientôt connaître la tristesse du mot FIN. Cette vague détresse qui saisit le lecteur, quand tout se clôt, et que l'ombre retombe sur le monde lumineux qui vivait dans les pages. Son sourire en était déjà un peu obscurci, mais il ne cédait pas. Et c'était merveilleux de le voir ainsi, prêt à affronter cette fin dont l'insupportable amertume allait l'entraîner dans un autre volume, puis dans un autre encore, dans un autre toujours, pélerin désormais inlassable de son propre chemin.
 
   Je me suis dit que je m'étais trompée, l'autre jour. Ce n'était pas sur une échelle aux barreaux de bois raides qu'il s'était engagé, mais plutôt sur un de ces vieux ponts incas sans cesse retressés et retendus au-dessus des gouffres - un de ces ponts de fibres, fragiles comme la paille, solides comme l'effort humain, qui mènent obstinément à l'autre rive.
 

El puente Q'eswachaka - capture d'écran

 

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