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La brouette - conte de Noël

Publié le par Carole

   Le costume le gênait. Pourquoi est-ce qu'on lui imposait ça ?
   Un manteau de Père Noël, une barbiche en nylon, et une capuche fourrée, et puis... et puis quoi encore ? Est-ce qu'il était le Père Noël, lui, un simple livreur ?  Intérimaire, en plus. Engagé pour la semaine et rien d'autre. Même pas un vrai livreur.
   Mais c'était le costume ou le poste, pas moyen de discuter. "Tu livres les paquets pour que les gens les aient à Noël, tu mets le costume et tu la fermes."
   Il avait chaud, là-dedans, chaud à n'en plus pouvoir. [...]

Suite du récit à lire sur mon blog de récits et nouvelles cheminderonde.wordpress.com

Publié dans Récits et nouvelles

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L'absent de Noël

Publié le par Carole

L'absent de Noël
    Ce matin, au feu rouge, attendant dans la longue file qui menait au supermarché, j'ai aperçu dans mon rétro ce très vieux Rom qu'on voit souvent se glisser entre les voitures en tendant la main. Il portait cette fois un costume de Père Noël.
    Qui lui avait donné ce costume d'un rouge et blanc éclatant d'acrylique ? Qui l'avait affublé en Noël made in China ? Qui était venu le déposer en ce lieu dangereux pour qu'il faufile entre les roues sa maladresse de vieillard ? Il y a en ce monde tant d'esclaves... C'est encore plus ignoble, quand on leur fait endosser le costume de la joie et de la générosité...
    Instinctivement, j'ai attrapé mon appareil-photo pour saisir dans le rétro cette pauvre silhouette. On croit toujours que les photos vont prouver on ne sait quoi qui n'est plus à prouver, qu'elles nous aideront au moins à ne pas oublier, peut-être à mieux comprendre... J'ai toujours avec moi un appareil-photo, et souvent je me dis qu'il ne me sert pas exactement à photographier, mais simplement à regarder, c'est-à-dire à poser sur le monde le cadre qui seul peut faire surgir le sens - ou le non-sens de la scène qu'il dessine.
    Au feu, bien sûr, je n'avais qu'un instant, j'ai photographié le rétro sans rien régler, sans rien vérifier - on verrait bien plus tard, plus tard, plus tard je regarderais... Sans doute aussi me sert-il surtout à cela, cet appareil-photo que j'ai toujours sur moi : à regarder plus tard, à regarder avec retard, avec ce décalage qui seul peut faire surgir les vérités que le présent nous cache.
 
    Quand j'ai enfin re-gardé le cliché, le soir, à ma grande surprise, le mendiant de Noël était absent du cadre que le rétro devait lui dessiner. J'étais certaine pourtant de l'avoir vu dans le viseur, quand j'avais appuyé rapidement sur le déclencheur. Certaine, absolument certaine qu'il y était quand j'avais pris le cliché. Mais sur l'image que j'avais cru saisir, il fallait se rendre à l'évidence, il n'y était plus. Il avait disparu.
    Disparu, de tout son rouge criard avalé dans le gris de ce matin pluvieux, emporté dans le flou où se perdent les ombres, le triste père Noël qui mendiait en esclave. Oublié, effacé de ce jour où la joie commande. Plus même une tache rouge et vague.
    Plus rien, que ces gouttes de pluie comme larmes au vent.
 
    Il y a en ce monde tant de gens qui ne peuvent subsister qu'en s'effaçant.
    Tant de pauvres gens qui ne survivent qu'en absents, et qui n'y sont jamais.
 
Si seulement cela pouvait, Noël, être la joie de ces absents de toutes joies.
Si seulement il pouvait, notre papa Noël, se défaire des oripeaux de fête fausse dont les commerçants l'ont revêtu, si seulement il pouvait se mettre enfin à nu, pour faire battre de joie, sur le tambour vivant de son vieux coeur humain, toutes ces mains tendues qui cognent sans  espoir aux portes fermées du bonheur.
 

Publié dans Fables, Nantes

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Avares

Publié le par Carole

Blois, maison dite "de Denis Papin"

Blois, maison dite "de Denis Papin"

C'est une étrange maison, posée comme un pont sur la rue, à regarder passer les badauds comme une eau qui s'écoule.
Et, lorsqu'on passe en badaud sous ce haut pont de colombages, c'est, dans l'ombre humide, une plus étrange apparition encore : une tête de bois coincée dans la muraille, soudain nous dévorant des yeux, tandis que ses mains paralysées crochent éternellement pour l'enfouir dans le mur on ne sait quoi de rond et de large qui ressemble à des pièces de monnaie - ou à des palets de joueur - peut-être à de petites galettes de boulange.
 
Mais qu'importe que ce soit or, bois ou farine, ce qu'entasse dans l'ombre la créature fabuleuse née du génie moraliste d'un sculpteur anonyme.
 
Pour moi, ces mains qui crochent, ces yeux creux et immenses qui cherchent à posséder tout ce qu'ils voient, cette bouche tordue qui voudrait non seulement inspirer, mais engloutir l'air qu'elle respire, pour ne plus jamais l'expirer, ce visage enfermé, muré dans son pan de torchis, ce sont les mains, les yeux, la bouche, le visage même de l'avare, incapable d'admettre que le temps nous prend tout. Qui finit, à force d'avoir voulu tout posséder et tout immobiliser par sa possession, par s'emmurer lui-même. Ayant cessé de vivre d'avoir refusé de donner au temps, qui passe et veut qu'on passe, la part des ombres.
Alors, qu'importe que ce soit cuivre, boulange ou bon argent, ce qui se serre et ce qui se terre sous ces doigts à jamais raidis.
 
Ce n'est pas seulement de notre argent que nous sommes avares, peut-être même est-ce le moins fréquent.
Non, si souvent, ce que pour rien au monde nous ne voulons lâcher, ce dont nous sommes le plus avaricieux, c'est de nos petits bonheurs et de nos souvenirs infimes, de nos réussites modestes, de nos biens minuscules, de nos objets poussiéreux, de nos fidélités usées, de nos habitudes enkystées, nous qui accumulons pour faire rempart à la disparition tant de pauvres biens morts aussitôt qu'entassés, enterrant dans leurs murs cette vie que nous mettions tant d'ardeur à retenir en eux.
Cette vie qui nous fut donnée pour rien, cette vie dont on ne peut rien épargner, cette vie qu'on ne peut mettre de côté, cette vie qui ne brûle que par ses deux bouts, cette vie qui ne chante qu'en oiseau sur sa branche, cette vie destinée à se dissiper, à se gaspiller, à se perdre à tout perdre.
 
Passer.
Il ne faut que passer.
Pour rien.
Juste passer.
Comme badaud sous le pont.

 

Publié dans Fables, Blois

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Jouets

Publié le par Carole

Blois, rue des Trois Clefs, Maison des Jouets

 

Dire qu'aujourd'hui, ce n'est plus qu'un banal magasin de chaussures.
 
Pour moi, c'est une façade à remonter pieds nus un matin de Noël le chemin sinueux du temps.
 
Il est toujours délicieux, et toujours douloureux, de revenir dans une ville d'enfance.
Nous y cherchons, toujours déçus et toujours éblouis, tous les petits cailloux des souvenirs, devenus ces miettes de nous-mêmes qu'emporte sans pitié le vent qui nous repousse. Et quand il ne reste plus rien, c'est les yeux grand fermés qu'il nous faut continuer à regarder - en-dedans...
 
Pourtant, rue des Trois Clefs un miracle de négligence - ou d'économie - avait préservé l'inscription, sur le côté. Son jaune années-soixante et sa flèche tentatrice et rougeâtre étaient restés presque les mêmes.
 
Tous les ans, en décembre, la vitrine s'illuminait, et se chargeait comme un astre de  longs circuits de trains traversant des villages avec leurs épiceries, leurs gares, leurs chefs de gare, leurs moutons et leurs chiens, de vastes maisons de poupées à étages munies de baignoires et de télévisions, de deux-chevaux caracolantes et de quatre-ailes rêveuses, de camions de pompiers sans incendies et d'ambulances sans malades, d'usines à hélice en mécano vissé, de grands navires à découvrir l'Amérique, d'immenses boîtes de crayons Caran-d'Ache à dessiner le soleil et le ciel, pour les mouiller du bout du doigt comme la pluie qui passe.
 
C'était un monde, la vitrine aux jouets, dans la vieille maison médiévale de la rue des Trois Clefs, un monde entier suspendu dans la couleur dorée des jeudis soirs où l'on rentrait à la nuit tombée, après les courses de Noël, pour s'en aller attendre, au square glacé des arbres sombres, le car des villageois.
 
Nous nous arrêtions longtemps, à regarder, béats, le monde des jouets flotter dans la lumière, comme les passagers du Nautilus regardaient par la vitre le monde de la mer illuminé par les phares de leur sous-marin.
 
Pourtant, si on nous avait demandé lequel de ces jouets nous aurions aimé recevoir, nous n'aurions pas su répondre. Car en réalité, nous ne souhaitions recevoir aucun de ces jouets. Et si l'un d'entre eux quelquefois s'en venait jusque sous notre sapin, il nous décevait presque aussitôt ouvert.
Non, c'était ensemble qu'ils nous fascinaient. Comme si, dans ce monde entier qu'ils formaient, suspendus dans la lumière des néons, ils étaient devenus, d'être ainsi savamment exposés, l'essence même du jouet.
L'image réduite du monde compliqué et tourmenté des adultes, enfin dessiné à la juste proportion d'un regard d'enfant, enfin compréhensible, enfin parfait.
 
 
Qui sait si elles ne pourraient pas encore
nous les ouvrir, les grandes portes de corne
du rêve et du patient désir,
ces clefs qu'on a rangées, 
rouillées, presque oubliées,
dans ce vieux coeur d'enfant
qui pour toute la vie
sera notre seul bien ?
 

 

Publié dans Enfance, Blois

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Les figues

Publié le par Carole

    La lettre était tombée dans ma boîte un peu avant midi. Le facteur passe tard, dans notre chemin Coquet... une fin de tournée, pour lui, forcément, cette impasse en lisière de ville. Et puis il y voit mal, avec la fatigue il fait facilement des erreurs. Je ne lui en veux pas... ça me donne l'occasion de sonner chez les voisins, de faire ma petite tournée, de bavarder un moment. Ensuite les voisins viennent sonner à leur tour. Et on bavarde encore. On a le temps, chemin Coquet, ce n'est pas comme en ville.
   C'était une lettre étrange. Une très belle lettre, si l'on veut, avec son adresse élégamment calligraphiée. Mais si jaunie, si froissée, si usée et fanée qu'elle semblait avoir traversé les années [...]
 
Suite du récit à lire sur mon blog de récits et nouvelles cheminderonde.com

Publié dans Récits et nouvelles

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Quelque chose de Johnny

Publié le par Carole

       Parce qu'au fond, en y réfléchissant avec sincérité, et malgré tout le mal qu'on a pu en dire, il faut bien le reconnaître, maintenant qu'il est mort,
       qu'on a tous en nous quelque chose de Johnny,
      je réédite aujourd'hui ce texte, écrit en 2012 lorsqu'il était venu près de chez moi, presque encore jeune, chanter au stade de la Beaujoire.
 

http://www.chemindesjours.com/article-10-secondes-et-un-concert-107768031.html

Avec dix secondes de retard
 
7 juillet 2012

Give me back the world I remember,

One more ride on the merry-go-round, Neil Sidaka

 

 

    Dès trois heures de l'après-midi on a vu la foule avancer dans les rues, vers le stade de la Beaujoire où il devait chanter le soir - des parents avec leurs enfants sur le dos et de grands sacs de victuailles, des retraités avec leur tabouret pliant et leur parapluie à carreaux, des gens de tous les âges, venus de partout.
    A la sortie du parking du supermarché où je m'étais imprudemment garée, ils avançaient en longues rangées calmes. Comme je n'allais pas dans la bonne direction, on m'interpellait - "C'est par là... Faut aller voir Johnny, on vend des places à vingt euros..."
    Sur la route, j'ai rencontré ces jeunes, avec leurs tatouages et leur longue écharpe "Johnny", qui attendaient en buvant des bières. Voyant que je m'arrêtais pour le photographier, le plus petit s'est avancé vers moi. J'ai eu peur pour mon appareil-photo... mais il a passé autour de mes épaules l'écharpe "Johnny", et il m'a embrassée sur les deux joues. Il était content. Tout était si léger, si facile.
    Un vieux monsieur s'avançait avec son déambulateur, soutenu par sa fille, très grand, très blanc, et on s'écartait doucement devant lui. Il pleuvait, il faisait presque froid, mais Johnny allait mettre le feu, tout à l'heure, et ces gens qui avaient travaillé toute la semaine, ou toute la vie, ces gens qui avaient encore devant eux des heures d'attente avant le début du concert, ces gens qui étaient venus de loin, étaient heureux.
 
    Maintenant, la nuit va tomber, et dans toute la ville on l'entend.
    On dit que c'est sa dernière tournée. On l'a déjà dit plusieurs fois. On le dit maintenant à chaque fois.
    Renvoyée par les amplis dans tous les jardins, toutes les cours d'immeubles, rentrant par toutes les fenêtres entrouvertes, la voix n'a pas vraiment vieilli, très bien timbrée encore, elle reprend inlassablement les tubes du passé. Cette chanson, par exemple, que mon voisin de Châtellerault mettait chaque soir sur son pick up en rentrant de l'usine, toujours la même - cette chanson que chaque soir, pendant un an, j'ai entendue, cette chanson que je ne pouvais plus supporter - je ne sais pas comment elle s'appelle, mais je l'entends très distinctement ce soir dans mon jardin dont le sol vibre.
    Plus fort encore, ensuite, j'entends résonner l'immense clameur et les applaudissements des spectateurs.
 
    Ce qu'ils applaudissent, si ardemment, dans la nuit qui tombe tout à fait maintenant, c'est peut-être, c'est forcément autre chose que cet homme déjà âgé et teint, en costume pailleté, qui hurle devant eux dans son micro, sous la lumière factice des stroboscopes, entouré d'un orchestre démesuré. Oui, c'est sûrement autre chose, voilà ce que je me dis, dans la nuit qui s'épaissit, tandis que reprend la voix lointaine. Qu'est-ce donc ? - peut-être leur jeunesse, ou celle de leurs parents, l'illusion d'un monde resté intact, celui des années soixante, des déesses, des quatre-ailes et des ami 6, du général de Gaulle, de tante Yvonne, des pop-stars, de l'ORTF et du train Interlude avec sa petite gare de La Solution où tous les problèmes trouvaient une fin paisible. L'angoisse un moment suspendue de ce qui passe et ne revient pas. Le désir simple de vivre heureux, d'être ensemble, de ne plus se quitter.
    Dans la nuit tout à fait tombée maintenant, j'ai presque peur qu'elle cesse, cette voix qui m'assommait autrefois, qui m'exaspérait, il y a si longtemps, quand chaque soir je subissais le vieux pick-up de mon voisin.
 
 
    C'est curieux, je viens seulement d'y penser : si le stade est à trois kilomètres de chez moi, comme je le crois, j'entends la voix de Johnny avec dix secondes de retard. Dix secondes, le temps que cette vibration met à courir en tremblant, du sol du stade au sol de mon jardin. Dix secondes où déjà s'est logée l'inexorable loi du temps.
 

Publié dans Divers

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L'île Mabon

Publié le par Carole

    Je réédite aujourd'hui ce petit texte, écrit il y a juste quatre ans.
    En l'honneur de cette fresque au profil de jeune femme et aux mains d'île en fleurs, qu'on ne verra plus jamais, rue de cette île Mabon qu'on n'a jamais revue...
 
La forme d'une ville change plus vite, hélas...
 
rue-de-l-ile-Mabon.jpg
    "Elle était pourtant bien jolie la petite île Mabon que les navigateurs venant de la mer apercevaient d'abord, avec ses longs peupliers, bouquet verdoyant dont les hautes tiges semblaient sortir de la Loire. En ce jardin flottant, la vie était ardente et douce, selon les jours."
(Gilbert Dupé, Le Bateau à soupe)
 
 
   L'île Mabon, ce n'était pas grand chose : une flaque de boue, piquée d'herbes et d'oiseaux, de peupliers hirsutes et de fleurs d'angéliques, au milieu de la Loire. Elle dérangeait le passage des vapeurs, faisait obstacle à l'essor des chantiers navals. On s'en plaignait beaucoup, de cette vieille Mabon inutile et crasseuse. Un jour enfin qu'on était vraiment las de la voir s'obstiner, on l'avait attaquée, nivelée, culbutée, enfoncée à coups de mines, pelletée sous le fleuve.
   Alors, sans qu'on sache pourquoi,  l'île Mabon avait commencé, comme un spectre, à  revenir.
   Ce fut d'abord certains étés, quand l'eau se retirait, qu'on voyait onduler dans les plis de la vase son dos de bête brune. Puis elle revint de plus en plus souvent. Les ouvriers des chantiers cherchaient son regard vert sous le flot gris, et ils la regardaient s'avancer sur les vagues en sirène légère. Sur le port les badauds se penchaient aux anciens parapets, pour épier le parfum de ses fleurs abolies, la tendre voix de ses oiseaux noyés.
    Plus tard on se mit à semer son nom dans la ville, à en orner des rues, des squares et des cafés.
  On avait oublié le radeau de boue sale et sa flottaison d'arbres grêles, on ne se souvenait que de l'île jolie. La vie, jadis, en ce jardin flottant du passé disparu, était si ardente et si douce... 
 
   Qui n'a dans sa mémoire, comme les gens d'ici, une petite île Mabon, pauvre brin de passé qui d'avoir disparu s'est changé en bouquet, à jamais verdoyant ?
 

Publié dans Nantes

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Quand le verre est entier

Publié le par Carole

abribus - Nantes

abribus - Nantes

Il s'exprime bien, c'est vrai, on dirait même qu'il se croit vraiment poète, celui qui nous a laissé, sur la paroi brisée de l'abribus, ce message aussi rouge et vinasse que les révolutions qui fermentent dans les bars - et aussi tristement étoilé, dans sa toile d'araignée securit, que la nuit du casseur.
 
Quand le verre
est entier
c'est nous qui
nous sentons
brisés
(poésie)
 
Poésie, vraiment, cette vitre lapidée ?
Poète, celui qui ne se sent entier que lorsqu'il casse ?
Créateur, celui qui ne se dresse que sur ce qu'il écrase ?
 
Demain, après-demain, on aura réparé l'abribus, évidemment ; on pourra oublier. Mais là, devant la vitre bavarbouillée où ce méchant rimeur nous a jeté la première pierre, il faut bien essayer de répondre. 
 
Se sentir exister lorsqu'on brise, se croire grandi de ce qu'on a détruit, c'est ce qui caractérise les pillards et les tueurs. Mais la poésie... personne ne sait bien ce que c'est, la poésie, mais, non, ça ne s'écrit pas à coups de poing sur les vitres des abri-bus.
 
Non, ça n'a pas le tranchant des éclats sanglants, la poésie, tout au contraire... la poésie...
ça ressemble plutôt à ces boules de sable et de débris que les verriers pétrissent dans le feu en pâte lisse et harmonieuse, pour en faire des objets étranges ou familiers, 
tirant de la poussière du monde, par la magie du rythme qu'ils lui impriment patiemment, le verre liquide et pur qui se façonne au souffle créateur
pour retrouver
dans la lumière 
sa forme entière
éternelle
passagère.
 
 
 

Publié dans Fables, Nantes

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